Réseaux sociaux: sociaux ou opium?
Vous l'avez certainement déjà lu et entendu partout: cette semaine, Facebook a 20 ans. Mais est-ce que les réseaux sociaux sont toujours aussi sociaux? Ou sont-ils devenus l’opium du peuple? Ces interrogations soulèvent une problématique centrale dans notre société hyperconnectée. Il y a 35 ans, l’idée première du World Wide Web était le partage, un idéal numérique où chaque utilisateur pouvait partager son savoir. Mettre en place un site web nécessitait, malgré tout, quelques compétences techniques. Une quinzaine d'années plus tard, les réseaux sociaux sont venus avec la promesse que nous pourrions non seulement consommer du contenu, mais également en créer facilement, nous plaçant ainsi en consomacteurs actifs. Les réseaux sociaux promettaient de faciliter le partage de contenu textuel, graphique ou vidéo en brisant les frontières techniques et en donnant à chacun une voix.
Aujourd'hui, le paysage numérique semble avoir dérivé de cette vision originelle. Pour une majorité d’entre nous, la posture s'est transformée en celle de spectateur passif d’un spectacle mondialisé, principalement américain et chinois, où le contenu est essentiellement généré par des influenceurs domiciliés à Dubaï. Ces derniers, éphémères comme des soufflés, montent en flèche puis disparaissent dans l'oubli, dans un cycle perpétuel orchestré par l’intelligence artificielle (IA). L'IA, avec sa capacité à personnaliser les flux de contenu et à optimiser l'engagement, pose la question de son rôle futur: est-elle juste une tendance passagère, un fétu de paille, ou le catalyseur d'une nouvelle révolution numérique?
L'IA n'est pas un nouveau plat sorti d'un laboratoire, mais elle offre des recettes qui évoluent au gré des avancées technologiques, afin de nous offrir de nouvelles saveurs et de nous simplifier la vie. Actuellement, nous parlons beaucoup d'IA générative, mais l'IA offre de multiples autres services, tous basés sur l'analyse de gros volumes de données.
Face à ce constat, il est crucial de se questionner sur le futur des réseaux sociaux. Allons-nous continuer sur cette voie, où l'IA façonne nos perceptions et nos interactions, ou allons-nous redéfinir nos espaces numériques pour revenir à une vision plus inclusive et participative, fidèle à l'esprit original du Web? Cette interrogation reste ouverte, et la réponse définira la trajectoire de notre société numérique.
Je développe sur mon blog ma réflexion sur les défis et opportunités de cette nouvelle ère de connectivité, dans un article intitulé : 20 ans de Facebook: quel avenir pour les réseaux sociaux?
Mes lectures de la semaine 6 du 5 au 11 février 2024:
- Est-ce la fin des réseaux sociaux: https://www.economist.com/leaders/2024/02/01/the-end-of-the-social-network (article en anglais)
- Qui et pourquoi utilisons-nous Facebook: https://www.letemps.ch/economie/cyber/vingt-ans-apres-ses-debuts-pourquoi-facebook-conserve-t-il-un-tel-pouvoir-d-attraction
- ChatGPT à l'école va-t-il aider ou abrutir nos enfants: https://www.tdg.ch/chatgpt-comment-lecole-genevoise-utilise-loutil-dintelligence-artificielle-un-an-apres-son-arrivee-567257593185
- Rêver une source d'inspiration: https://theconversation.com/etre-dans-la-lune-au-travail-pour-le-meilleur-ou-pour-le-pire-222341