
Ceci n'est pas un petit pois
Notre cerveau va-t-il fondre jusqu'à atteindre la taille d'un petit pois? À l'arrivée de chaque nouvelle technologie, la question de la baisse de nos capacités cognitives refait surface. Cette déferlante qu'est l'intelligence artificielle (IA), et plus particulièrement l'IA générative (GenAI), aura-t-elle un impact sur notre société ?
Que deviendrons-nous?
Dans la satire de science-fiction "Idiocracy" de Mike Judge (2006), le héros Joe se réveille en 2505 après 500 ans de congélation. Après un test de QI, il se révèle être l'individu le plus intelligent. Dès ses premiers pas dans le futur, il constate un déclin culturel et éducatif flagrant. Par exemple, aux urgences de l'hôpital, le tri initial se fait par simple choix de pictogrammes, à son grand étonnement.
Cette interrogation revient de manière récurrente avec chaque évolution technologique.
Quand la calculatrice s'est généralisée dans les années 80, un débat similaire a eu lieu : les enfants ne sauraient plus faire de calculs mentaux! C'est certainement vrai pour certains. Pourtant, nous résolvons désormais plus rapidement certains calculs qu'une majorité de nos parents ne pouvaient effectuer avec leur règle à calcul.
Avec la multiplication des chaînes de télévision et des séries, un débat a aussi surgi sur la baisse d'intérêt pour la lecture. Qui n'a jamais regardé l'adaptation d'un grand classique plutôt que de le lire? En 2005, pour ne pas décourager les jeunes lecteurs, les livres de la bibliothèque rose ont même été réécrits au présent. Pourtant, parmi les best-sellers figurent le Seigneur des Anneaux ou Harry Potter, des pavés! La lecture n'est pas morte, elle est en plus accessible via de nouveaux supports comme les liseuses.
Le web, les moteurs de recherche et Wikipédia nous ont ouvert l'accès à la plus vaste bibliothèque jamais créée. Certains font aveuglément confiance au premier résultat Google, d'autres ont développé un sens critique. Une majorité a délaissé dictionnaires et ouvrages de référence. Sommes-nous plus bêtes ou avons-nous délesté nos cerveaux d'une part de savoir au profit d'une liste de références plus vaste et un sens critique exacerbé?
On pourrait aussi s'interroger sur l'impact des réseaux sociaux et de l'économie de l'attention, ou des GPS et notre capacité à nous repérer sur un plan.
Et avec l'IA?
Une fois de plus, nous demanderons davantage à la machine! Elle pourra certainement réaliser les devoirs de nos enfants, voire une partie de notre travail. Pourtant, à chaque évolution technologique, nous avons su dompter ces outils pour nous aider, faire des découvertes et de nouveaux apprentissages. Nous devrons apprendre à séparer le bon grain de l'ivraie surtout avec les fake news ainsi que les deep fakes, et développerons fort probablement de nouvelles compétences.
Mes lectures de la semaine 19, du 6 au 12 mai 2024:
- Quel sera l'impact de l'IA sur notre cognitif: https://www.heidi.news/explorations/ia-le-grand-fracas/les-ia-comme-chatgpt-vont-elles-nous-rendre-idiots
- La désinformation est un problème grandissant, l'IA est-elle un vecteur ou une solution: https://www.economist.com/science-and-technology/2024/05/01/disinformation-is-on-the-rise-how-does-it-work
- Simplification de la bibliothèque rose: https://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20170406.OBS7659/le-club-des-cinq-a-perdu-son-passe-simple-et-pas-mal-d-autres-choses-aussi.html
- Retour sur le 12ème symposium eGov romand: https://olivierleclere.ch/blog/2024/05/ia-au-banc-d-essai-de-l-administration-numerique/
Image générée par Dall-e, un petit pois.